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- Dix ans de greffes endothéliales
- Publié le Lundi 09 novembre 2015
- L'unité de chirurgie ophtalmologique du Dr Douenne situé au sein de la polyclinique Capio Aguilera pratique aujourd'hui la greffe de cornée depuis 10 ans et ce en procédure de routine.
- La cornée est un tissu vivant dont les caractéristiques sont uniques.
C'est le hublot de l'oeil. Elle est à l'état normal d'une transparence parfaite et a une épaisseur moyenne de 550 microns (un demi millimétre).
Cette transparence est due au maintien d'un degré très précis d'hydratation grâce à l'activité de sa membrane interne. Cette membrane, l'endothélium, est composée d'une couche d'une seule épaisseur de cellules, parfaitement jointives, et qui ont cette rare propriété de ne pas pouvoir se reproduire. On a, à la naissance, un capital de cellules endothéliales (environ 3000 cellules par mm2), qui diminuera très lentement durant la vie pour arriver à environ 2000 cellules à 80 ans. Si la densité des cellules endothéliales diminue en deçà d'un certain seuil (environ 500 cellules / mm2), il apparaît des espaces entre elles au travers desquels le liquide interne de l'oeil s'infiltre : la conséquence en est la perte de la transparence de la cornée qui se gonfle comme une éponge (jusqu'à 1mm d'épaisseur), et qui devient progressivement opaque ; le malade perd la vue.
La quasi totalité des cas intervient après une opération de cataracte qui a été plus difficile que prévu, et au cours de laquelle le traumatisme chirurgical a entrainé une perte massive des cellules endothéliales. L'autre cause la plus fréquente est une altération congénitale de la cornée appelée dystrophie de Fuchs, ou cornea guttata.
Jusqu'à 2005, la seule solution était une greffe totale de la cornée, opération lourde, qui laissait un oeil définitivement fragile, au taux de rejet d'environ 20%, et après laquelle il fallait plus d'un an avant de récupérer la vision définitive.
Depuis les années 50, quelques équipes internationales avaient cherché à ne greffer qu'une partie de l'épaisseur de la cornée, mais les techniques étaient de réalisation extrémement difficile, et les résultats aléatoires.
C'est le néerlandais Gerrit Melles qui réalise la première greffe endothéliale en 2001, puis la première greffe automatisée en 2004. C'est cette dernière intervention qui est devenue le standard, sous l'acronyme DSAEK pour Descemet Stripping Automated Endothelial Keratoplasty. Dans cette variante de greffe endothéliale, un greffon circulaire de 8,5 mm de diamètre et 100 microns d'épaisseur est réalisée grâce à une merveille de précision micromécanique, le microkératome. Ce greffon roulé comme une feuille de cigarette est introduit dans l'oeil dont la couche postérieure (l'endothélio-descemet) a été préalablement enlevée. Le greffon est déroulé à l'intérieur de l'oeil et plaqué contre la face postérieure de la cornée. L'adhésion en est réalisée grâce à une bulle d'air qui plaque le greffon contre la cornée et est maintenue quelques dizaines de minutes.
Dès le début 2005, l'équipe du Dr Douenne a réalisé les premières DSAEK, et depuis lors a réalisé plus de 200 interventions de ce type, avec succès. Cette longue expérience lui a permis de se familiariser avec les subtilités de cette délicate technique chirurgicale.
Aujourd'hui, cette intervention est pratiquée en routine, sous anesthésie locale. Elle ne dure qu'une vingtaine de minutes et ne nécessite qu'une nuit d'hospitalisation. La récupération visuelle est de bonne qualité au bout d'un mois (au lieu de l'année nécessaire dans le passé pour les greffes totales), et le taux de rejet n'est que de 8%.
L'équipe d'Aguilera pratique depuis quelques mois la DMEK (Descemet Membrane Endothelial Keratoplasty), ultime évolution de la greffe endothéliale, au cours de laquelle on n'introduit plus un greffon de 100 microns d'épaisseur, mais la seule couche cellulaire endothéliale (de 20 microns). Cette innovation permet de réduire le taux de rejet à environ 1%, et d'optimiser encore la vision du patient.
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